Chaque année en France, près de 10 millions de tonnes de nourriture consommable sont gaspillées, soit l’équivalent de 150 kg/hab./an. Dans les ordures ménagères et assimilées, on trouve l’équivalent de 20 kg/hab./an de déchets alimentaires, dont 7 kg de produits alimentaires encore emballés.
Rappelons que la lutte contre le gaspillage alimentaire répond à un triple enjeu :
- environnemental car le traitement des déchets issus du gaspillage alimentaire (collecter, trier, transformer, conserver, transporter etc..) nécessite beaucoup d’eau et génère des gaz à effet de serre. En conséquence, le gaspillage alimentaire entraîne un gaspillage des ressources naturelles.
- économique car le traitement des biodéchets coûte cher : entre 12 et 20 milliards d’euros par an en France soit l’équivalent de 159 euros par personne pour les seuls ménages.
- éthique et social car jeter de la nourriture est inacceptable dans un contexte de crise alimentaire mondiale. Par ailleurs, en France, on estime déjà qu’une personne sur 10 a déjà du mal à se nourrir.
La crise sanitaire a nettement accéléré cette prise de conscience auprès de tous les publics (entreprises, collectivités, ménages etc.). Alors, regardons de plus près les initiatives anti-gaspillage alimentaire qui ont vu le jour jusqu’aujourd’hui !
Lumière sur les initiatives anti-gaspillage alimentaire
Restaurateurs, industriels, collectivités et ménages, tous ont fait preuve d’ingéniosité et même de solidarité pour intégrer une logique d’économie circulaire. En effet, l’Etat a fixé un objectif de réduction du gaspillage alimentaire de 50% d’ici 2025 !
– La lutte contre le gaspillage alimentaire du côté des artisans
Avec en moyenne 30 kg d’invendus par jour, certains de nos artisans boulangers ont fait d’une pierre deux coups pour limiter les pertes et se créer de nouvelles opportunités. À Clamart (92), Amaury de La Tour a investi dans une machine agricole pour concasser ses pains. Il a d’ailleurs délégué la fabrication de cette matière première à une association de réinsertion professionnelle. L’objectif ? Recycler les baguettes et pains invendus pour fabriquer de la bière. « La Moissine » est une bière artisanale aux notes d’épeautre, de seigle et de froment. D’autres boulangers de la région seraient enclins à rejoindre cette initiative pour le moins originale.
– Chez les industriels de l’agro-alimentaire
Depuis 2016, la loi contre le gaspillage alimentaire (Loi Garot) impose deux principales règles aux distributeurs agro-alimentaire. Tout d’abord, on y retrouve l’obligation de proposer une convention de don à des associations pour les invendus encore consommables. Ensuite, l’interdiction de rendre ces invendus impropres à la consommation.
Cependant, certaines enseignes n’ont pas attendu la législation pour agir, c’est le cas d’Intermarché. Au travers de son programme « Producteurs et Commerçants », les initiatives en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire se sont multipliées. Par exemple, on retrouve :
- La vente de chutes de viande et de pain de la veille à bas prix pour nourrir les animaux ;
- La vente de paniers de fruits et légumes «moches» ;
- La vente à prix cassés lorsque la date limite de consommation approche ;
- La démocratisation de la vente à la coupe et en vrac.
Par ailleurs, Intermarché a noué de nombreux partenariats avec des spécialistes de la revalorisation des invendus tels que Phénix, Comerso ou Zéro Gâchis. Mais aussi avec des applications mobiles anti-gaspillage (Too Good To Go, The Food Life).
– Dans les restaurants collectifs
A Dijon, le traditionnel CROUS (Centre régional des oeuvres universitaires et scolaires) est rebaptisé « Mon Crous Responsable ». L’objectif de ce projet pilote mis en place depuis 2 ans est d’adopter une démarche de réduction et de valorisation des déchets. Pour ce faire, toute l’équipe (directeur, gestionnaire, responsable qualité, chef cuisinier…) a été mobilisée. Ainsi, la lutte contre le gaspillage passe par la formation du personnel, le travail du grammage des portions, l’accompagnement du libre-service ou encore la valorisation des biodéchets. Résultats des courses ? 18 % de déchets en moins et des taxes déchets réduites de 40%. Cette démarche sera désormais étendue à d’autres CROUS du territoire.
Création d’un label national anti-gaspillage en 2021
Le Ministère de la Transition Ecologique accumule aussi les initiatives de son côté (en savoir plus sur les aides financières). Afin de valoriser les résolutions durables et vertueuses entreprises par les acteurs économiques et sociaux du pays, un « label français anti-gaspillage alimentaire » verra le jour en 2021. Cette mesure s’inscrit dans la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire renforcée.
En définitive, ce dispositif permettra d’orienter les choix des consommateurs et d’atteindre les objectifs fixés pour les entreprises concernées. Les conditions d’octroi de ce label seront communiquées au cours de l’année 2021. Affaire à suivre dans un futur article dédié aux labels et certification en matière de développement durable.
– Pour aller plus loin
L’ADEME met à disposition des conseils et outils pratiques pour vous accompagner dans vos initiatives durables. Ces outils s’adressent à tous types d’établissements responsables de restauration collective (scolaire, hospitalier, entreprises, public, privé, etc.). Consultez en ligne les options qui s’offrent à vous.